Planet Hollywood du succès à la chute

Autopsie d’un géant de la restauration à thème

Dans les années 1990, Planet Hollywood n’était pas seulement une chaîne de restaurants. C’était un phénomène culturel, une marque mondiale, un symbole de l’entertainment à l’américaine. Pour toute une génération, y entrer, c’était plonger dans un décor de cinéma, déguster un burger sous un gant de boxe de Rocky ou une réplique du sabre laser de Luke Skywalker.

Mais aujourd’hui, la marque est à peine visible. Là où elle comptait plus de 130 restaurants à son apogée, le site officiel en affiche… moins de dix.


Que s’est-il passé ? Comment expliquer cette chute spectaculaire ? Et qu’en retenir pour le monde de la franchise et de la restauration ?


Un lancement explosif

Lancée en 1991 à New York par Robert Earl et Keith Barish, Planet Hollywood a rapidement fait parler d’elle grâce à une stratégie marketing inédite : associer des stars du cinéma au concept. Stallone, Schwarzenegger, Bruce Willis, Demi Moore… tous investissent, participent aux ouvertures, donnent de la crédibilité glamour à l’enseigne.

Le concept est simple et puissant :
restauration américaine + objets de cinéma originaux + storytelling hollywoodien.

Le succès est immédiat. Londres, Paris, Los Angeles, Orlando, Tokyo, Las Vegas… les restaurants s’ouvrent à un rythme effréné. En 1996, Planet Hollywood entre même en bourse. La marque devient un phénomène mondial.


Le début des problèmes

Cette ascension rapide portait en elle les germes de sa chute. Plusieurs erreurs stratégiques vont s’accumuler :

1. Une expansion trop rapide et mal maîtrisée

Ouvrir partout, trop vite, sans étude de marché localisée, a fragilisé l’enseigne. Certains établissements n’étaient tout simplement pas rentables.

2. Une dépendance au star-system

Les stars ont attiré au lancement, mais ne se sont pas engagées durablement dans le pilotage stratégique. Une fois l’effet “célébrité” estompé, le concept s’est essoufflé.

3. Une expérience client décevante

Des prix élevés, une qualité de cuisine inégale, un décor figé. Beaucoup de clients sont venus… une seule fois. La promesse n’était pas toujours tenue.

4. Des diversifications hasardeuses

Planet Hollywood a tenté de se lancer dans d’autres projets (Marvel Mania, Sound Republic), sans succès. Des millions investis, peu de synergies.

5. Un manque d’évolution

La marque n’a pas su se réinventer. Tandis que d’autres enseignes à thème modernisaient leur expérience ou prenaient le virage digital, Planet Hollywood restait figé dans les années 90.


Les dépôts de bilan et la chute

Résultat : Planet Hollywood dépose le bilan en 1999, puis à nouveau en 2001.
La quasi-totalité des restaurants ferme. Les investisseurs se désengagent. L’enseigne disparaît de nombreux marchés, y compris la France.

Le restaurant de Disneyland Paris, dernier bastion tricolore, ferme définitivement en janvier 2023.
Il n’existe plus aujourd’hui que quelques établissements emblématiques dans le monde : Orlando, New York (réouvert en 2025), Doha… et c’est tout.


Un cas d’école pour les franchisés et développeurs de concepts

L’histoire de Planet Hollywood est une source d’enseignements clés pour tous les acteurs de la franchise et de la restauration :

  • L’effet “buzz” ne remplace pas une stratégie solide.

  • Une marque, aussi forte soit-elle, doit continuellement se réinventer.

  • L’expérience client réelle primera toujours sur l’effet d’annonce.

  • La croissance doit être maîtrisée, surtout à l’international.

  • Le storytelling doit évoluer avec les nouvelles générations.


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Une renaissance possible ?

En 2025, le restaurant de New York a rouvert après 17 millions de dollars de rénovation, dans une version plus immersive, avec écrans digitaux à la place des objets cultes. C’est une tentative de modernisation.

Mais la marque peut-elle vraiment renaître dans un monde où les expériences se vivent sur TikTok, où les food courts urbains remplacent les chaînes standardisées, et où les clients attendent du sens, de l’authenticité et du digital ?

Pour la France, il y a peu de chances de revoir Planet Hollywood s’implanter de sitôt.


Conclusion :

Planet Hollywood restera dans l’histoire comme un concept visionnaire, mais aussi comme un cas d’école de gestion de marque mal calibrée sur la durée. Une preuve que le succès initial ne garantit jamais la pérennité.

Pour les porteurs de concepts, les franchiseurs, les restaurateurs : l’histoire de cette enseigne est un miroir. Il reflète ce qu’il faut faire pour réussir… mais surtout ce qu’il ne faut pas oublier en chemin.

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